Sekai avait fini de faire le feu. Soleyne y déposa sa gamelle d'eau. L'eau devait bouillir, bouillir pour qu'elle puisse y tremper un linge, et ainsi chaud, le déposer sur les nombreuses plaies de Zazou. Il y en avait trop, il en avait vraiment trop mais elle devait essayer. Son instinct d'infirmière l'y poussait.

" - Écrasez le Copihue ainsi que la racine de mandragore séparément.
- Laissez le Copihue sécher pendant 10 bonnes minutes car si mélangé avec la racine de mandragore directement ça produit une toxine mortelle.
- Prenez le récipient avec l'eau magique et mettez y la racine de mandragore écrasée.
- Mélangez avec un bâton.
- Ensuite ajoutez le Copihue et le jus de plante carnivore
- et mélangez encore.

Une fois fini laissé reposer 15 minutes et vous pouvez l'administrer à la personne empoisonnée.

Ah il était là lui ? Bien évidemment qu'elle avait trouvé l'énigme, mais enfin ce n'était le moment.

- Vous n'auriez.....pas du me....sauver.... Tu méritais pas....de mourir.... Si je le.....pouvais....je mourais à....ta place.

Était-ce vraiment le moment de regretter ? Était-ce vraiment la parole qu'aurait du dire Natsumi ? Soleyne ferma les yeux. Il fallait qu'elle se concentre.

" Natsumi, ferme-la ! "

Elle cracha cela au visage de la jeune qui n'avait certainement pas le droit de dire ça maintenant. Certes, Zazou ne serait pas mort si elle ne s'était pas faite bêtement empoisonner en allant chercher sa carte, cela dit il n'était plus temps de faire le bel esprit.

Elle prit la plante de la main de Zazou et commença la préparation de la recette. L'eau allait prendre du temps avant de bouillir, il lui fallait quelque chose pour s'occuper l'esprit en attendant. Elle, avait la racine, et Zazou avait le Copihue. Elle donna donc le Copihue à Sekai, qui avait l'air de se dépêcher en se montrant dégourdie, pour une fois, et lui lança vivement de l'écraser avec son bâton. Le bol d'eau magique était là, et attendait patiemment les dix bonne minutes d'attente qu'il fallait au Copihue avant de sécher. En attendant, l'eau pouvait bouillir, et Soleyne pourrait y tremper ses vieux linges tout sales, mais avait-elle vraiment le choix, afin de soulager Zazou un maximum.

" Les filles, continuez la préparation s'il vous plait. Et tâchez de ne pas vous tromper. Que ce crétin meurs pour rien ! "

Soleyne avait lancé ça vivement, mais peut-être pourraient-ils tous sentir la pointe d'ironie sèche qui avait ponté dans sa voix, laissant ainsi deviner qu'elle ne le traitait de crétin que parce qu'il s'était fait bêtement mordre, mais qu'il y avait quand même, sous cette phrase, un minimum d'affection, gâchée.

Elle plaqua ses lignes bouillants sur les plaies multiples de Zazou, qui saignaient trop. Elle s avait qu'il ne tiendrait pas, elle n'avait pas le matériel nécessaire ici, mais il fallait qu'elle puisse dire qu'elle avait fait tout ce qu'il avait pu. Il ne devait pas mourir aujourd'hui. Ce n'était pas son heure. Pas son tour.

" Allez, tiens bon, Zazou ! "

Il lui appliqua un torchon sale et chaud sur le front. Il avait de la fièvre.

Sekai avant finit de préparer la potion. Malheureusement, ne connaissant pas le résultat final que devait avoir la potion, Soleyne n'avait aucun moyen de vérifier si le liquide avait été bien préparé. Il allait donc falloir y aller à l'arrache : faire goûter la potion à Natsumi et voir si elle en mourait ou pas. Et il était temps, car celle-ci avait maintenant des quinte de toux violentes. Tellement violentes qu'elle en crachait du sang.

Soleyne continuait d'appliquer le chiffon bouillant sur les plaies de Zazou, malheureusement il avait perdu bien trop de sang depuis le temps. Elle savait bien que pour lui, la sortie n'allait plus que dans un sens. Alors elle lâcha le torchon, et le posa sur le front de l'homme qui avait essayé de lui sauver la vie. Et elle s'en éloigna.

C'était à Natsumi de guérir maintenant. Elle porta sa main au pot qui contenait la potion - en remerciant Sekai au passage- , et agenouillée devant le corps de Natsumi, elle releva le visage de Natsumi de sorte d'être presque assise, et elle lui versa le contenu en essayant de ne pas renverser, dans la bouche. Peut-être irait-elle mieux, peut-être allait-elle mourir ? Elle n'en savait rien. Elles le verraient toutes prochainement, de toute manière.

Pour l'un, c'était terminé. Pour l'autre, c'était à quitte ou double.

Soleyne soupira.

Soleyne avait administré les soins nécessaire afin de sauver Zazou, mais celui-ci, malgré tous ses efforts, venait de rendre l'âme. Soleyne le regarda pousser son dernier soupir, en émettant ses dernières "volonters".

" Le seul moyen de survivre est d'être un loup, donc finalement quoiqu'il se passe des loups gagnerons, les bons ou les mauvais. "


Soleyne considéra Zazou pendant un temps, ne sachant même pas si elle devait réfléchir à cette... suggestion ? Pensée ? En fait, elle regardait son travail inachevé. Elle savait bien qu'elle ne pouvait pas faire de miracle, surtout sur une île où on avait rien pour soigner les gens, seulement... elle voyait ça comme un échec. Un horrible échec. Elle lança son torchon sur le sol.

" Fait chier ! "

Un soupir s'échappa de sa bouche. Elle se leva et alla voir ailleurs si elle y était. C'est à dire qu'elle s'approcha de la casserole dans laquelle l'eau avait bouillie, et shoota dedans. Elle aurait bien voulu avoir une ribambelle de casseroles dans lesquelles donner un coup de pied, mais hélas... .

De son côté, Natsumi se remettait. Tant mieux, ça en ferait quand même au moins une dans le lot. Et dire qu'il lui avait sauvé la vie. Elle allait bader longtemps, maintenant. Quelle journée affreuse. Et dire qu'ils n'étaient là que depuis la veille... .

Elle alla s'assoir dans le sable, en face de la mer. Les morts, par sa faute de surcroît, mourant de la sorte, ça la faisait toujours déprimer. Pas facile, cela dit, de comprendre pourquoi Soleyne avait décidé de s'isoler, maintenant. Il n'était de toute manière pas question qu'on le lui demande. La personne finirait certainement dans un choux-fleur.

Soleyne entendit Natsumi approcher derrière elle. En fait, elle ne savait pas que c'était elle, mais ça ne pouvait être qu'elle : Pandora n'avait aucune raison de venir, et Sekai la fuyait comme la peste. Il n'y avait donc plus que Natsumi. Soleyne n'y fit pas attention. A vrai dire, elle s'en foutait complètement. Tant qu'on la laisse tranquille, elle ne demandait rien et ne dirait rien. Il n'y avait rien à dire d'ailleurs. Zazou était mort, c'était tout.

Natsumi ne s'approcha pas d'abord. Elle avait essayé de rester en retrait au départ, histoire de trouver quelque chose à dire. C'était ce qu'elles faisaient toutes, en général, à moins de rentrer directement dans le tas. Mais ne se connaissant pas, il y avait cette espèce de pudeur qui avait fait que Ntasumi ne viendrait pas tout de suite, et puis finalement, elle s'est enfin décidée à approcher.
Soleyne en dit toujours rien. Et ne la regarda pas non plus. Elle s'en foutait, tant qu'on lui foutait la paix. Le silence resta pendant quelques temps. Soleyne eut même presque l'impression à un moment, qu'en fait, Natsumi ne venait là juste que... pour être là. Pour être présente, sans pour autant dire quelque chose. C'est ce que Soleyne préférait, ou aurait préféré, si elle n'avait pas pu avoir le "laissez-moi seule", mais finalement Natsumi ouvrit enfin la bouche.

- Je suis désolée pour Zazou... Je sais ce que tu ressens... Tu le considérais comme un ami pas vrai ?

Soleyne tourna son regard vers Natsumi et la toisa pendant un moment. Je sais ce que tu ressens. C'était ton ami.
Mais qu'est-ce qu'elle racontait, là ? Est-ce qu'elle avait réfléchi, au moins, avant de parler ? Soleyne cracha un bref "pff" et rétorqua :

" Tu n'es pas médecin, à ce que j'en sache. Tu ne peux pas comprendre. "

Elle la fixait encore, avant de reprendre, plus crument.

" Zazou n'était pas mon ami. Nullement. Il m'a juste sauvé la vie, j'ai décidé de faire pareil. C'est tout, ça s'arrête là. "

Elle avait réussi à aligner trois phrases en une. Elle avait fait des progrès remarquables, ces derniers temps. Sa sociabilité venait de monter en piquet. Elle aurait pu être fière d'elle, s'il n'y avait pas eu cette mort dure à digérer, juste avant.

" Quand on est médecin, on doit faire son possible pour soigner quelqu'un. Or, je n'ai pas fait mon possible. Je n'ai pas pu. "

Elle donnait de légers coups de pied dans le sable, enfonçait sa jambe, la ramenait, la ré-enfonçait. Signe de nervosité ou d’ennui ? Allez savoir.

" Donc il est mort. C'est tout. "

C'était comme si elle essayait de se convaincre elle-même que ce n'était pas de sa faute. En même temps, si elle s'était écoutée, elle n'aurait rien fait, et l'aurait laissé crever comme un chien. Mais elle était médecin, donc elle avait fait son travail. Avec les moyens du bord. Ca n'avait pas été suffisant. La perfection ne peut pas être clamée comme existante dans ces conditions, elle le savait bien mais n'y croyait pas. Ne voulait pas y croire.

Elle prit du sable sa main droite, une bonne poignet, et le lâcha au vent. Ca fit comme une trainée de poudre devant son visage.

Soleyne haussa les épaules. Elle se doutait bien que personne ne le savait. En même temps, elle ne l'avait pas crié sur tous les toits, donc comment aurait-elle pu le savoir ? Aussi, elle se garda de répondre, sachant bien que si elle venait à donner la réplique, la conversation continuerait. Ce qu'elle ne voulait évidemment pas. Alors, elle attendit que Natsumi se lève et s'éloigne, avant de continuer à rêvasser seule dans son coin. Patient mort équivalait à conscience non tranquille. Patient mort équivalait à fantôme qui reviendra se venger. Elle en avait des frissons. La chair de poule.

Elle se leva, et s'avança vers le corps inerte de Zazou. Il y avait encore son fin sourire sur les lèvres. Ça l'insupportait ! Elle s'agenouilla devant le corps sans vie de Zazou et effaça ce sourire cruel qui lui donnait envie de vomir. Ensuite, elle prit un bras, et le passa derrière sa nuque. Elle porta ses bras sous les jambes de Zazou, et l'emporta sur le sable. Ici, il y avait plein de sable, donc quelque chose d'assez suffisamment facile à creuser. Elle l'enterrerait ici. Peut-être que c'était un bon endroit.

Tant de morts, sur ce lieu. Elle avait l'impression d'être la dernière ici. C'était une sensation assez étrange. Seule, sur une île déserte, entourée de morts. Et elle était là, à enterrer le dernier. Et les autres ? La petite fille qui gémissait et c'était fait mal à la jambe ? Et l'autre jeune fille aux cheveux noirs qui les avait rejoints, peu après ? Il n'y avait plus que Natsumi d'apparemment encore éveillée. Où étaient donc tous les autres ? Étaient-ils réellement morts ? Était-elle réellement la dernière ? Soleyne pencha son visage sur celui de Zazou.
Il était le dernier mort ? Il avait l'air paisible, pourtant. Calme. Serein. Est-ce que ça faisait mal, de mourir ?
Qu'est-ce que ça fera à Soleyne si elle finissait par être la dernière survivante, ici. Est-ce que quelqu'un viendrait la chercher ? Est-ce que quelqu'un l'attendait ? Est-ce que quelqu'un pensait à elle ?

Elle n'en savait rien.

Est-ce qu'elle aussi, allait finir comme ce visage jeune ? Aussi paisible que les malheurs et les souffrances de la terre ne pouvait plus l'atteindre ? Elle y pensait. Elle y pensait réellement.

Est-ce que tout était fini ?

La mer faisait du bruit. Aussi calme les lieux étaient, elle se laissait bercer par le bruit de l'eau. Il n'y avait plus personne, apparemment. Tout était trop calme. Vraiment trop calme. Elle devait l'enterrer. Maintenant, elle devait l'enterrer. Et ensuite, que fera-t-elle ?

Sekai était resté un long moment devant le corps sans vie de Zazou, la tête enfouit dans ses genoux. Ne soufflant pas un mot, pas une syllabe. Une carpe. C'était rare les moments de silence chez la jeune fille. La plupart du temps elle parlait, que ce soit avec elle-même, en monologuant dans le vide ou en parlant pour se rassurer, parlant, parlant pour meubler une conversation entre elle et une personne qui de toute manière ne voulait pas l'écouter. Sekai parlait toujours habituellement. Mais pas cette fois. Cette fois elle ne disait rien, fixant le sol à ses pieds. Elle en était arrivée comment sur cette ile de cinglé déjà ? A parler avec des fantômes, à enterrer le cadavre d'une fille avec qui elle riait quelques minutes plus tôt, à regarder des gens mourir sans rien pouvoir faire, en sauver d'autre et finalement les regarder rester seul face à la mer ou bien en bordure de forêt, à faire des ronds dans le sable, ou bien l'emprisonner entre ses doigts et le disperser dans les airs. Ou rester assit, silencieux, sans bouger. Mais ils n'étaient que trois sur cette partie de l'ile, sans compter le cadavre bien sûr. Ou était donc la quatrième personne avec eux ? Sekai se souvenait pourtant d'avoir parlé à une femme brune précédemment... Et si ?

Elle se releva brusquement et se mit à courir le plus vite possible dans la direction où il lui semblait que l'inconnue était partie. Elle courait, vite, de plus en plus vite ne faisait guère attention au vent qui lui fouettait le visage si violemment qu'il aurait pu ouvrir des plaies pour venir tenir compagnie à d'autres déjà existantes. Elle courait, vite, plus vite ! Cours petite Sekai, cours !

♫ ♪ Il était une Pandora
Pirouette cacahuète
Il était une Pandora

La jeune fille s'arrêta net en entendant quelqu'un chantonner gaiement. Gaiement... Sekai en avait des sueurs froides rien qu'en y songeant ! On ne chantonne pas gaiement sur une ile comme celle-ci, une ile hanté et peuplée de cadavres ! Et puis cet air... Une marche funèbre aux paroles enfantines... C'était effrayant

♪♫ Qui est tombée dans les orties
Qui est tombée dans les orties
Il y avait une méchante plante


Sekai secoua la tête de gauche à droite, elle voulait retourner au camp avec les autres, pourquoi s'était elle rendue ici, seule ?! Qu'elle imbécile ! Elle aurait dû aller voir l'adolescente aux cheveux roses et lui demander de l'accompagner ou bien demander à cette femme froide aux yeux révulsés. Mais il était trop tard, Sekai était toute seule et le camp était déjà loin.

♫ ♪ Pirouette cacahuète
Il y avait une méchante plante


La petite demoiselle cessa de respirer un instant, un tout petit moment durant lequel elle prit son courage à deux mains. Alors elle se redressa, inspirant une grande bouffé d'air et elle courut vers la ce qui lui semblait être la source du son. Mais lorsqu'elle arriva sur la scène du meurtre, le coupable s'était déjà envolé, laissant trainer l'écho de sa chanson derrière lui...

Qui a mangé son bout du nez
Qui a mangé son bout du nez ♪ ♫


Sekai écarquilla les yeux de stupéfaction, de terreur, d'horreur. Face à elle se trouvait le corps sans vie de la jeune femme aimable avec qui elle avait échangé quelques mots. Allongée, sur le dos, une expression de surprise mêlée de douleur sur son visage auquel le nez avait été dérobé. Une plante rouge de sang. Des orties. Beaucoup, beaucoup d'orties. La petite Sekai recula brusquement en voyant tout ceci, son esprit d'enfant trop perturbée par cette vision horrifique ne savait comment réagir et elle poussa un cris avant de porter une main à sa bouche afin d'étouffer celui-ci. Il y avait un mort de plus. Encore...

L'adolescente courut dans la direction opposée, vers le campement. Elle voulait fuir tout ceci mais comment faire lorsque l'on ne peut rien faire pour échapper à son destin ? Comment se sauver lorsque nous ne possédons rien pour nous défendre ? La réponse est simple, s'assoir et attendre la mort calmement pour finalement la traiter comme une vieille amie lorsqu'elle vous prendra dans ses bras dans une ultime étreinte... Mais la petite Sekai est une enfant optimiste, gentille et qui voit toujours le côté positif des choses même lorsqu'il n'y en a plus. Garder espoir parce que après tout, dans un lieu comme celui-ci, tout peut arriver. Alors elle ne s'arrêta qu'une fois en face de la « sorcière » du campement. Soleyne. Elle se planta bien droit devant elle, la fixa droit dans les yeux. Elle essuya une larme solitaire sur sa joue et annonça la triste nouvelle.

« Nous ne sommes plus que trois. Pandora a été tuée. »

Elle n'avait pas pu enterrer Zazou finalement. Il gisait là, sur le sable chaud. Son corps sentait mauvais, et les oiseaux commençaient à grouiller autours de lui. Mais qu'est-ce qu'elle pouvait y faire ? Il ne devait pas mourir, et il était mort. Après tout, elle lui avait bien dit de ne pas manger ces gésiers. Non ? Donc pourquoi s'en faire ? Pourquoi se rendre responsable de ce fait ? Non, ça ne tournait pas rond. Ça ne tournait vraiment pas rond... .

Où en était-elle ?

Un léger murmure s'éleva, presque inaudible. Rien que pour la demoiselle qui venait de périr dans les fleurs. C'était une chose bien étrange, la mort. Bien étrange. Inconnu de tous, et même d'elle, qui l'avait côtoyée si souvent. Qu'est-ce que ça fait réellement, de mourir ? Qu'est-ce que ça fait de sentir son cœur s'arrêter petit à petit ? Est-ce qu'on le sent réellement ? Est-ce qu'on le sait, quand on meurt ? Est-ce qu'on panique ? Est-ce qu'on en a vraiment le temps ? Et une fois qu'on est mort... est-ce vraiment la fin de tout ? Est-ce vraiment... la fin. Le néant ?

Elle ferma les yeux, instinctivement, et bloqua sa respiration. Bien entendu, il était prouvé que personne ne pouvait se donner la mort rien qu'en arrêtant de respirer. Le corps est trop conscient pour se laisser mourir aussi bêtement : il se forcera à respirer automatiquement.
Elle ne respirait plus. Elle sentait son cœur battre, au fond de sa poitrine. Elle le sentait battre, et enfin, se battre pour continuer à battre. Elle le sentait cogner comme un fou dans sa poitrine, mais elle, déjà ne pouvait plus penser à rien. Elle ne pensait qu'à sa respiration, qu'à ce souffle qui lui manquait. Dieu que ça lui manquait, mais il fallait tenir : elle devait continuer à bloquer sa respiration jusqu'au bout. Elle devait savoir. Savoir !

« Nous ne sommes plus que trois. Pandora a été tuée. »

Elle lâcha d'un coup toute résistance, en un souffle long et étouffé qui la fit ouvrir la bouche en grand. Bon dieu, mais qu'est-ce qu'elle faisait là, elle ?

Nous ne sommes plus que trois. Pandora a été tuée. Mais qu'est-ce que ça pouvait lui faire ? Elle, essayait de travailler. Alors qu'est-ce que ça pouvait lui faire que tout le monde tombe comme des mouches devant ses yeux ? Elle n'en avait strictement rien à faire, bon sang de bonsoir !

C'est un regard assassin qui accueillit la fille. Elle venait de la déranger dans son expérience, alors qu'elle y était presque, elle le savait. Elle y était presque... !

" Mais qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ? Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Tu crois qu'on est là pour quoi, hein ? "

Elle se leva d'un bond, et avec toute la fureur du monde s'éloigna de cette enfant de malheur qui venait de lui faire rater son expérience vouée à l'échec depuis le début ! Bon dieu, sur quelle équipe était-elle tombée ?