La Dame Rose avant certainement raison. Miss Peacock hocha légèrement le visage quand sa compagne de misère lui souffla l'idée qu'il valait mieux, peut-être, se retirer dans une autre pièce avant que tout le monde ne trouve tout. C'était donc décidé, elles allaient voler tous les objets, et fouiller toutes les salles restantes avant que les autres ne le fassent, et ensuite, les poches pleines, elles regarderont la suite des opérations. Ainsi, la Miss fit signe à sa camarade de la suivre, et sans bruit, elle quitta la salle de réception, et s'éclipsa dans le couloir.

Elle s'avança vers une porte, et adossée à celle-ci, la poussa d'un coup de fessier.

La première salle avec une porte ouverte qu'elle trouva fut une grande salle, avec en son centre, une table, apparemment garnie. C'est ce qui poussa la femme à entrer : tout ce qui ressemblait à une réception l'attirait. Sur la pointe des pieds, comme si elle s’apprêtait à préparer un mauvais coup, elle s'engouffra dans la pièce, sans dire un mot. La salle était fort bien agréable, ainsi, miss Elenor s'approcha des couverts, essaya d'humer l'odeur qui en réchapperait. Ça sentait une odeur étrange... .

Elenor porta la main à un des plats, et en souleva le couvercle. Une tête humaine avec une pomme au milieu, se présenta à elle, les yeux exorbités. Eleonor poussa un cri d'effroi face à ce phénomène affreusement gore. A quelle sorte de réception avait-elle été conviée ? Pis, tous les plats étaient-ils du même goût ? Eleonor s'en affola, et aussi vite qu'elle le put, souleva tous les couvercles qui se trouvaient sur la table, dévoilant mains, pieds, yeux, foie, tripes ? Une chaîne d'organes et de membres en tout genre qui lui souleva le cœur. Elle prit dans ses mains un couvercle de gamelle pour y vomir ce qu'elle n'avait pas encore mangé dedans.

Elle s'essuya la bouche.

Ah qu'elle était encore toute bazardée, cette grande pièce spacieuse dans laquelle elle était entrée il n'y a pas longtemps. Elle avait même du forcer un peu pour ouvrir, taper des fesses pour que ça s'ouvre, mais maintenant, elle était là, et donc, elle pouvait prendre place sur un siège pour s'installer. Sa salade et son petit jus d'orange l'attendait, et une fois qu'elle aurait fini de succulent repas, elle n'aurait plus qu'à continuer.

Elle soupira et prit place sur une chaise qui n'était pas trop aspergée de sang, et encore debout. Elle s'installa donc en coin de table, là où les cadavres frais ne pullulaient pas trop, bien qu'ils aient tous été renversés sur le sol, tout comme la totalité de ce que tenait la grande table rectangulaire.
Elle était seule ici, et la pièce était bien calme pour une journée d'horreur. Ainsi, ce repas ressembla presque à un repas de belle dépourvue de tout invité, de tout honneur, et donc de toute joie. Rempli de temps de tristesse. Elle se sentait ainsi, cette Belle qui n'avait pour seul compagnon qu'un chandelier qui parle. ... non, ici, les chandeliers ne parlent pas !

Elle porta sa fourchette à sa bouche, et avala un petit morceau de salade. Il était loin le temps des bons repas entre amis et famille, à parler argent et succession.

Arrivée dans la salle à manger, je fus assaillie par cette horrible horreur de mort. Je portai une main à mon nez en grimaçant. Devant moi il y avait des morceaux de cadavres, éparpillés un peu partout au sol. Maintenant que j'étais pieds nus j'aurai bien voulu ne jamais avoir renversé cette fichu table. Mais ce n'était pas ça que me frappai,non... Je n'étais pas seule.

Je ne parvenais pas bien à distinguer cette personne d'où je me tenais car bien que j'aille mieux ma vision était toujours un peu trouble. Pourtant je ressentais cette présence comme un signal d'alarme, je ne devrais pas me tenir là, je devrais partir, tout de suite !

Pourtant la silhouette ne bougeai pas, peut-être ne m'avait-elle pas vue en fin de compte ? Je restais prudente en balayant des yeux la pièce, histoire de trouver l'indice que j'avais certainement loupée tantôt. Je m'accroupis même pour voir sous la table et je longeai silencieusement le mur pour voir parmi la nourriture au sol si une clef, un signe indiquant comment sortir d'ici ne s'y trouvait. J'étais toujours invisible, à moitié cachée dans la pénombre et c'est aussi comme ça que je sortis de la pièce.

Elle s'était surement endormie dans son bol de salade, quand elle entendit un frottement dans la salle qui la fit se lever brusquement. On venait de partir d'ici ? Ou était-ce encore ce maudit fantôme Qui la suivait jusqu'ici ? En tout cas, elle avait retrouvé son état normal. Il n'y avait donc plus de choses bizarres à voir de sa part, elle allait parfaitement bien. D'ailleurs, elle ne se rappelait même pas ce qu'elle faisait là, mais elle avait changé de pièce, c'était une évidence.

La salle était toujours aussi macabre, et elle n'avait toujours pas soigné son bras.

Éléonore se leva de sa chaise, qui recula quand elle retira son fessier royal et tendit les jambes, dans un léger grincement presque inaudible avec le tapis, et elle s'approcha de la porte. Il lui fallait sortir, et continuer sa visite du manoir. C'était sa principale occupation, ici.